Législatives #2 : Comment lutter contre la pénurie de main d’œuvre ?

A la une du bâtiment

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La CAPEB 71 a reçu les candidats aux élections législatives pour exposer ses priorités et débattre avec eux sur les attentes de l’artisanat du bâtiment et les propositions de la CAPEB 71.

Voici leurs positions sur le thème n°1 : Comment lutter contre la pénurie de main d’œuvre ?

 

Comment lutter contre la pénurie de main d’œuvre ?

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Éric PATRU, 2ème Vice-président CAPEB 71

 

C’est Éric PATRU, 2ème Vice-président; qui à lancé les débats  : « l’artisanat du bâtiment est confronté à une forte pénurie de main-d’œuvre qualifiée. L’activité est dynamique mais les entreprises ne trouvent pas les salariés pour répondre à la demande. Au cours du 2nd semestre 2021, 31 % des entreprises artisanales ont cherché à embaucher. Seulement 17 % y sont parvenues. La capacité de production des entreprises s’en trouve affectée et cela compromet une activité qui pourrait être beaucoup plus forte. Il faut agir pour que chaque emploi proposé par l’économie de proximité trouve preneur.

Face à cela, la CAPEB 71 préconise d’actionner un ensemble de leviers qui s’articulent autour de 3 axes : redonner de l’appétence pour le travail, renforcer l’attractivité des métiers et améliorer la formation ».

 

Les réactions des candidats :

 

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Olivier DAMIEN (RN) – Candidat dans la 2ème circonscription

« Les constats que vous faites, on les fait malheureusement depuis très longtemps (…). Les causes sont clairement identifiées. On sait très bien qu’il y a un vrai problème d’adéquation entre le marché du travail et la formation de nos écoliers, de nos étudiants, de nos apprentis. Ce n’est pas nouveau. C’est une piste que nous suivons (…).

L’appétence au travail passe par tout ce que l’on peut faire en matière d’éducation, d’incitation au travail (…). Il y a peut-être un système d’assistanat actuel un peu développé qui ne permet pas aux jeunes de donner leur pleine mesure. Nous sommes pour l’inversion du système en disant : vous travaillez, vous allez en trouver des bénéfices ».

 

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Benjamin DIRX (LREM) – Député Sortant – Candidat dans la 1ère circonscription

« Si on arrive à ce problème pour vous, qui est réel, c’est que l’on a réussi à redynamiser, à relancer l’activité et cela malgré les crises traversées sans précédent, notamment grâce aux plans de relance qui sont venus toucher beaucoup de rénovations et vous avez pu tous en bénéficier (…). Le chômage continue de baisser. En septembre, sur ma circonscription on sera au plein emploi. Forcément les réponses ne peuvent pas être les mêmes qu’auparavant (…). Sans apprentissage, on ne peut rien faire dans votre métier. On est passé de moins de 300 000 à plus de 700 000 apprentis aujourd’hui et ça, il faut le continuer (…). Il faut que vous puissiez rentrer dans les écoles encore plus et que les écoles puissent venir vous voir (…). Il faut aller aux endroits où il y a une pénurie de main-d’œuvre dans les quartiers, en milieu rural. il faut faire de l’immersion pour tester un emploi, ne pas attendre tout de l’État (…).

Il faut aussi accroître la différence entre une personne qui travaille et une qui ne travaille pas, valoriser le travail. Il faut un réel écart. Des mesures ont été prises sur le quinquennat (prime Marcon, heures supplémentaires défiscalisées, prime d’activité, baisse des impôts de production, de l’IR, de l’IS, de la taxe de d’habitation). Cela a créé du pouvoir d’achat pour tout le monde et des particuliers ont pu venir chercher des artisans pour rénover leurs maisons. Il faut continuer tout cela ».

 

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Patrick MONIN (NUPES – EELV) – Candidat dans la 1ère circonscription

 » Il faut aussi des mesures sociales. Le travail ne fait plus sens (…). L’urgence n’est pas seulement financière. Il y a une urgence écologique et sociale. Il faut permettre aux jeunes de comprendre qui sont les constructeurs du monde de demain : demain s’invente avec vous ! Demain il faut avoir un monde vivable (…). Il faudrait dès la 4ème ou la 3ème que les enfants puissent aller faire un stage d’observation en entreprise (…).

L’apprentissage est une pratique de métiers en entreprise. Il faut rappeler que les titres professionnels sont très reconnus et que vous n’avez aucun mal à trouver du travail. Quand vous faites un apprentissage, vous avez toujours un accompagnement de qualité par un professionnel qualifié. Vous avez un salaire plus élevé. C’est un tremplin pour l’avenir (…). Ce sont des emplois non délocalisables. Je suis Maire d’une petite commune, je vois l’importance des artisans qui font vivre nos régions. Tout cela peut redonner de l’appétence et de l’attractivité pour vos métiers ».

 

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Louis MARGUERITTE (LREM) – Candidat dans la 5ème circonscription

« La concertation, elle est clé. On a eu l’occasion de le faire au plan national avec le plan pour les indépendants. C’est très important pour la protection du patrimoine personnel des indépendants. On a recréé une équité de traitement entre ceux en nom propre et ceux en société (…).

Il y a 10 ans on était à 250 000 apprentis. Tout le monde faisait des promesses et personne n’y croyait. Aujourd’hui, on en est à plus de 700 000. Sur l’apprentissage on va jusqu’à 8 000 euros par apprenti embauché. C’est de la bonne dépense publique. C’est de la dépense d’investissement. Évidement, il faut continuer. Un apprenti, c’est une place pérenne en entreprise. C’est majeur. Je suis favorable pour la prolongation du dispositif (…).

La pénurie de main-d’œuvre concerne tous les secteurs. Paradoxalement on est plutôt dans une bonne période : de la croissance et un chômage plus bas. Il y a la question des rémunérations, mais pour que vous puissiez adapter vos rémunérations, il faut que vous ayez des marges de manœuvre. On a commencé la baisse de impôts de production. On va continuer (…).

Sur la formation, il y a énormément de dispositifs mais ils sont assez peu lisibles. Il faut continuer à simplifier. Chacun doit se retrousser les manches. On a tous une responsabilité. L’entreprise doit être la continuité de ce qui se passe à l’école ».

 

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Olivier CAUCHE, artisan menuisier et administrateur CAPEB 71 a plaidé pour développer un apprentissage de proximité pour ne pas exclure certains jeunes…

 

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Rémy REBEYROTTE (LREM) – Député sortant – Candidat dans la 3ème circonscription

 

« Sur la relance de l’apprentissage, l’élément le plus important c’est peut-être que Jean-Michel BLANQUER a enlevé la prime au principaux de collèges en fonction du nombre d’élèves qu’ils envoyaient en seconde générale dans les lycées d’enseignement général. Il y a eu cette vision dans notre pays de 80 % d’une classe d’âge au bac général. Heureusement que nous sommes sortis de cela (…). Les  mentalités sont en train de changer, l’apprentissage, l’alternance deviennent de vrais choix de famille et une vision positive pour l’avenir de leurs enfants (…). On a intérêt à avoir un volume important d’apprentis qui viennent nourrir la richesse de la profession (..). Heureusement la machine repart sur l’apprentissage mais il faut du temps pour les former. »

 

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Laurence GAUTHIER (LREM) – Candidate dans la 2ème circonscription

 

« La pénurie de main-d’œuvre tient au fait que l’on puisse choisir sa vie  (…).. Toute la difficulté, c’est de permettre à chacun, là où il vit, de choisir sa vie. Beaucoup de jeunes, notamment en secteur rural, n’ont pas accès à toute l’ouverture des métiers (…).

Je suis étonnée d’entendre une pénurie de main d’œuvre d’un côté, et des étudiants en décrochage scolaire de l’autre, alors que des jeunes ont des appétences pour les métiers de l’artisanat (…). Il faut ouvrir nos territoires pour accueillir aussi de l’extérieur, des personnes qui ont envie de changer de voie. Il faut qu’ils arrivent dans des milieux encadrés pour découvrir des métiers. Il y aussi le problème de l’habitat des apprentis (…).

Sur l’Éducation, il existe déjà des territoires qui s’organisent pour avoir des conventions d’accompagnement spécifiques en secteur rural pour  des jeunes en difficultés. Des communes s’associent avec l’École pour donner envie de métiers, pour dessiner l’avenir ».

 

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Elisabeth ROBLOT (LREM) – Candidate dans la 4ème circonscription

 

 » On a tous parlé de formation et de donner envie aux jeunes de rejoindre ces métiers de l’artisanat du bâtiment (…). Je crois qu’il faudra aussi continuer de travailler comme l’a déjà fait le précédent Gouvernement pour renforcer l’attractivité des salaires. On se doit de contrôler et de renforcer encore plus cette attractivité. Il n’est plus possible qu’il y ait des personnes qui gagnent plus en ne faisant rien au chômage, que de se lever tôt et d’aller travailler (…). Travailler doit être plus attractif que de ne pas travailler. Nous nous attellerons à renforcer ces dispositifs pour donner un vrai sens à la vie des jeunes, c’est-à-dire, travailler plutôt que d’attendre que la journée se passe et de ne rien faire. C’est une priorité du prochain quinquennat et on saura la mettre en place ».

 

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Christophe FERRERO – artisan maçon couvreur et administrateur CAPEB 71 a alerté sur la législation contraignante pour les employeurs sur l’apprentissage…
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Cécile UNTERMAIER – Députée – PS – Candidate dans la 4ème circonscription

 

« Je suis favorable pour que l’apprentissage soit très encouragé (…). Pour les rémunérations, il faut fixer un seuil minimal et majorer au bon vouloir de l’entreprise sans avoir de problème avec l’URSSAF (…).

Il faut simplifier les dispositifs. Il faut mettre en responsabilité celui qui reçoit l’apprenti pour savoir ce qu’il peut lui faire faire ou pas (…). Faisons confiance à celui qui fait cette formation. Libérons par une réglementation plus souple (…). C’est un levier pour lutter contre le chômage (…). L’apprentissage c’est à la main de celui qui prend l’apprenti, encadré mais avec beaucoup plus de souplesse (…). Il faut une politique nationale de l’emploi qui impose dans les établissements scolaires, la présentation des métiers (…). On doit, par la loi, imposer que vous ayez votre porte d’entrée dans l’Éducation. Si on vous ferme la porte, comment voulez vous que cette jeunesse vienne vers vous. (…) ? La priorité des priorités, c’est de faire en sorte que l’Éducation soit associée à la réflexion que vous avez parce que vous êtes tout à fait essentiels dans l’économie ».

 

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Charles LANDRE, (LR – UDI) – Candidat dans la 3ème circonscription

 

 » Par delà tous les dispositifs énumérés, il y a une question culturelle en France  : il y a une séparation entre les métiers intellectuels et les métiers manuels. C’est un problème (…). Il faut revenir à la définition de ce que sont le métiers essentiels. Les artisans, vous en faites partie.Vous êtes les métiers de toujours. La France a été bâtie par les artisans du bâtiment (…). En Saône-et-Loire, on est victime d’une sorte de fracture territoriale. C’est à PARIS que sont décidées ce que seront les formations valorisées. Il y a par exemple ici une survalorisation des métiers du numérique alors que les mêmes efforts n’ont pas été faits sur les formations artisanales (…). Il faut faire rentrer les professionnels dans les formations. Il y a souvent une inadéquation entre la façon dont les jeunes sont formés et les attentes de professionnels (…).

Il y a aussi des coûts administratifs pour accueillir des jeunes en entreprise encore trop importants. En réalité, vous avez besoin d’un baisse massive de charges particulièrement dans les petites entreprises car le coût du travail est trop important (…).

Il y a aussi une explosion du travail au noir et de la micro entreprise. La baisse du chômage s’accompagne d’un accroissement du travail au noir. Les micros-entrepreneurs ne travaillent pas avec les mêmes contraintes ni les mêmes garanties. Il faut donc relativiser la baisse du chômage ».

 

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Valérie DELOGE (RN) – Candidate dans la 4ème circonscription

 

 » Il faut remettre au cœur du projet éducatif la collaboration avec les patrons. ce sont eux qui forment le mieux les apprentis… Il faut aussi remettre l’apprentissage au cœur du système éducatif auprès des jeunes et surtout revaloriser les métiers professionnels (…).

Souvent dans les collèges, on dit aux jeunes qu’ils ne sont pas capables d’aller en seconde et qu’il feront alors un CAP. On dévalorise l’élève à la base. C’est un gros souci. Les artisans doivent pouvoir rentrer dans les collèges pour faire découvrir ce qu’est l’artisanat.

Il faut aussi permettre aux jeunes dans la ruralité de trouver leur formation plus près. On pourrait aussi avoir un apprentissage un peu plus jeune, dès 14 ans. Il y a des jeunes qui ont besoin partir un peu plus tôt car ils ont envie d’apprendre quelque chose. Il y aussi beaucoup de jeunes qui sortent sans diplôme. Il faut pouvoir leur donner une deuxième chance et les réintégrer dans l’artisanat. Il faut leur monter que c’est un avenir pour eux et pas une voie de garage. Il faut prévoir des passerelles et ouvrir l’esprit des jeunes ».

 

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Jean-Philippe RAFFA (Reconquête) – Candidat dans la 4ème circonscription

 

« On s’adresse au 1er employeur de France… qui, quand on l’écoute, nous dit : on est malmenés, extrêmement malmenés, non, la situation n’est pas meilleure qu’il y a 5 ans. Cela fait 30 ans que cela dure… On a toujours les mêmes discussions. Dans 5 ans, si on ne fait rien, on sera toujours là à dire la même chose :  l’appétence au travail, l’attractivité, la formation… En fait, on a une somme de rustines sur un pneu.. On nous propose à chaque fois des petites mesures (…). On ne se pose pas la question de fond : Il faut changer la roue : tant que le travail ne paiera pas, il n’y aura pas d’attractivité, il n’y aura pas d’appétence. Est-ce que l’on veut un avenir pour l’artisanat ?  Est-ce-que l’on veut laisser mourir l’artisanat ? C’est une remise à plat de l’artisanat qu’il faut (…).

Nous pensons que tant que l’on ne casse pas cette dynamique de vache à lait qu’il y a sur les entreprises de l’artisanat en rendant et le salaire des apprentis et des salariés de l’artisanat, et les conditions d’exercice de leur activité des artisans fiscalement au plus bas, on ne pourra pour traiter le problème de l’attractivité. C’est une reforme fiscale puissante, profonde qu’il faut pour permette aux entreprises de l’artisanat de se créer et de permettre à celles qui existent de perdurer ! ».

 

(A suivre dans un prochain article : législatives #3 : les réactions des candidats pour Soutenir l’activité dans le BTP)

 

Relire nos articles précédents :

https://www.capeb71.fr/legislatives-1-la-capeb-71-expose-ses-priorites-aux-candidats/

 

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